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Ce catalogue a été édité dans le cadre du programme de résidence de Margaux Desombre au Musée Bernard Boesch, du 6 mars au 30 mai 2021, au Pouliguen.

24 pages.

Conception graphique : Margaux Desombre.
Remerciements : la Ville de la Baule-Escoublac, le Musée Bernard Boesch, son équipe, et tout particulièrement Philippe Larue.

Crédits photographiques : couverture (recto et verso), pages 3,7,8,9,11,12,17,18,19,20,21 et 23 ©Patrick Gérard / page 5 ©Margaux Desombre / pages 13, 14 et 16 ©Romain Darnaud.

Achevé d’imprimer en mai 2021 sur les presses de l'Imprimerie Nouvelle, Pornic, France, en 300 exemplaires numérotés et signés.

©Musée Bernard Boesch & Margaux Desombre, 2021.

** Livré avec un marque page **

10.00 euros

+ frais d’envoi

 

Extraits du catalogue d’exposition


Architecte de formation, j'ai commencé à explorer la pratique de la peinture il y a une quinzaine d’années.

Ce printemps passé au Pouliguen constitue tout autant un retour aux sources dans une région liée aux souvenirs de l’enfance, qu’une exploration nouvelle d’un territoire inconnu.
M’efforçant pendant mon séjour, de lui porter un œil naïf, l’environnement m’est apparu plus complexe et riche que ce que je pensais connaître de lui.

Mon expérience d'architecte, et plus particulièrement mon parcours universitaire lié à l’échelle territoriale, ont façonné mon observation des paysages et des lieux.

Les paysages que je peins cristallisent ce parcours, mes souvenirs personnels et les découvertes faites pendant cette résidence.
Aux alentours du Pouliguen, les composantes du territoire sont protéiformes et éclectiques –de la richesse des maisons cossues de la pointe de Penchâteau à la poétique banalité formelle des pavillons ordinaires– tout est support à l’observation.

La lumière changeante s’accroche aux pignons, rebondit sur les vérandas ou trans- percent les épines des pins. Sa vibration éphémère, d'imperceptible parfois à écrasante en d’autres circonstances chatouille la rétine, isole des éléments que le regard perçoit et la mémoire enregistre.
La lumière s'intègre indéniablement aux souvenirs et aux ressentis, elle marque les contours ou contraste les géométries.
Elle dessine l’environnement.
Parce qu’elle est changeante, le paysage est lui aussi mouvant : vivants, ils se combinent l’un l’autre dans notre observation.

De retour à l’atelier, ce sont les fragments de ces photographies mentales qui se trans- forment à nouveau dans l’acte de peindre. La réalité se recompose alors. L’huile, pâte épaisse et collante, qu’il faut diluer, lisser, mélanger, détendre ou poser en couches, est un outil pour transformer ces sensations visuelles. Le réel observé et ressenti se mut alors en une autre réalité.

Le corpus d’œuvres réalisées durant la résidence constitue une expérimentation autour de ces observations.
Les cadrages, hors-champs et compositions des toiles tendent à offrir une vision d’un ailleurs. C’est tout autant ce qui se trame hors du champ de la toile, que ce qu’elle offre comme fragment, qui importe.
Loin de se revendiquer comme représentation précise et exacte des paysages environnants, mes peintures convoquent ce qui est au-delà de ce qu’elles représentent pour moi et pour l’observateur.

" Emplie de densité et d’intensité, elle doit être domptée, demande à être diluée, transformée, mélangée, amalgamée.

Comme en architecture, c’est par la matière que je conçois l’espace, qu’il soit réel et tridimensionnel, ou imaginaire et transposé à plat.

J’aime ce rapport corporel et sensitif à la matière, cet aspect artisanal de la fabrique d’une nouvelle réalité, de nouveaux territoires."

Le long de la côte de Penchâteau, nous pouvons remarquer la richesse des formes bâties, et en particulier des ouvrages vitrés. Collection amusante de fenêtres, vérandas, bow-windows, œils-de-bœuf, oculus percés dans une porte de garage, etc.

Ces ouvertures forment autant de cadrages choisis sur le paysage. Les façades des maisons ainsi évidées offrent au promeneur l'idée d'une intériorité.

Qui n’a pas déjà imaginé un salon derrière cette grande paroi vitrée, une chambre à coucher, là, sous cette toiture, ou un salon d'été protégé sous cette véranda ouvragée ? A travers ces fenêtres c'est tout un quotidien que l'on perçoit et qui s'invente face au paysage.

Ces menus évidements, ces larges baies posées au ras de la roche tels des postes d'observation, constituent par leur fine épaisseur un filtre, une limite. Celle-ci est à la fois physique (elle protège du froid, du chaud ou du vent), mais aussi poreuse par sa transparence et sa capacité à s'ouvrir. Le vitrage, les carreaux, les baies, les persiennes, sont autant d'éléments qui constituent l'endroit même où le dedans et le dehors se définissent l'un l'autre.

Aux premières heures du jour, quiconque observe un pignon baigné de la lumière de l'est ressent la chaleur qu'elle apporte dans l'intimité de la maison. La journée touchant à sa fin, ce sont les contre-jours qui font apparaître la lumière intérieure : les maisons se muent en lanternes, diffusant leurs vies au dehors.

C'est cette infime géographie où se rencontrent le dehors et le dedans, le domestique et le public, l'intime et le commun, qui a inspiré bon nombre de rêveries et de travaux réalisés pendant cette résidence.