Kri, ou le paysage que je vois en peinture / topologie de l’au-delà

Sur cette petite île de Papouasie, j’ai eu dès la première seconde, cette sensation étrange : le paysage qui défilait alors que la pirogue approchait, se muait en peinture.

Il était certe réel, mais je n’arrivais à le voir qu’à travers une matière picturale. Il perdait de sa réalité, du moins de sa vraissemblance au réel, tout en devenant plus réel encore. Finalement, n’est ce pas là ce que c’est que peindre ? Le sujet de la peinture n’est pas la vraissemblance. Il s’agit pour moi plutôt d’ordonner cette matière pâteuse, ces huiles et ces pigments sur le support et de re-représenter le réel, de le réécrire. C’est une reformulation.

Je n’ai jamais en tête ce qui fera un tableau. Mais cette fois, c’était comme si ce que je voyais en était déjà un. Plutôt bloquant donc. Mais à la fois entêtant et il fallait bien en faire quelque chose une fois rentrée.

Il y a eu d’abord sur place, ce tout petit espace de papier blanc, dans un carnet. Puis, de retour en France à l’atelier , ce paysage a empli l’espace des toiles et des feuilles de papier. La peinture la plus réussie c’est celle que j’ai vue lors de cette rencontre avec ce paysage merveilleux de vibrations, pas celles de l’atelier, mais voilà ce qu’il en reste et ce que j’en ai fait.